Sénégal : Affrontements à Dakar / Tensions exacerbées autour de l’opposant Ousmane Sonko avant le verdict d’un procès pour viols

Interdiction des manifestations pacifiques de la plateforme F24 à Dakar

Des affrontements ont éclaté lundi à Dakar, la capitale sénégalaise, entre des groupes de jeunes et les forces de l’ordre dans les environs du domicile de l’opposant politique Ousmane Sonko. Ce dernier s’est engagé à lancer la semaine dernière une « caravane de la liberté », qui quitte Casamance pour chuter à Dakar. C’est en cours de route qu’il a été ramené de force à Dakar dimanche par les gendarmes. Depuis, le silence de M. Sonko a suscité des spéculations quant à son statut, certains évoquant la possibilité d’un placement en résidence surveillée. Les tensions sont exacerbées par l’approche du verdict d’un procès pour viols, qui doit être rendu jeudi.

Des journalistes de l’AFP ont constaté des scènes de violence dans les quartiers proches de Keur Gorgui, où vit Ousmane Sonko. Des groupes de jeunes ont attaqué les forces de sécurité en lançant des pierres et en dressant des barricades de fortune. Des véhicules ont été incendiés près du domicile de Matar Bâ, l’ancien ministre des Sports et actuel chef de cabinet du président Macky Sall. Les forces de sécurité ont répliqué en tirant des gaz lacrymogènes en abondance pour disperser la foule.

Le porte-parole du parti de M. Sonko, Ousseynou Ly, a déclaré à l’AFP que ce dernier était en état de “séquestration”. Le silence de l’opposant a suscité l’inquiétude de ses partisans et de nombreux internautes, qui ont exprimé leur soutien sur les réseaux sociaux. Amnesty International a appelé à la fin des restrictions imposées à la liberté de mouvement de M. Sonko, qui sont selon l’organisation illégale.

Ousmane Sonko est un candidat déclaré à la présidentielle de 2024 et est menacé d’inéligibilité depuis 2021, en raison d’un feuilleton politico-judiciaire qui alimente régulièrement les tensions à Dakar. Le verdict d’un procès pour viols doit être rendu jeudi, et M. Sonko risque de perdre son éligibilité s’il est condamné. L’opposant refuse de comparaître et crie au complot du pouvoir pour l’écarter de la présidentielle.

Les mobilisations de ses partisans ont régulièrement donné lieu à des incidents et des troubles depuis le début de l’affaire en 2021. En mars de cette année, son interpellation à Dakar alors qu’il se rendait à la convocation d’un juge avait déclenché plusieurs jours d’émeutes, qui avaient fait des morts. Depuis, la tension est à son comble dans la capitale sénégalaise, et les affrontements de lundi ne sont malheureusement pas une surprise.

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Souleymane Diop