Sénégal / Interdiction des manifestations pacifiques de la plateforme F24 à Dakar : débat sur la liberté d’expression et de manifestation en pleine crise politique

Interdiction des manifestations pacifiques de la plateforme F24 à Dakar

À Dakar, la plateforme des Forces Vives de la nation (F24) prévoyait d’organiser une série de manifestations pacifiques à partir de ce vendredi 9 juin 2023, pour protester contre un troisième mandat du Président Macky Sall et pour demander la libération des détenus “politiques”. Cette initiative est interdite par le préfet de Dakar, Mortalla Tine, en raison de la déclaration tardive des organisateurs et du non-respect des délais, mais aussi pour permettre aux familles endeuillées par les manifestations des 1er, 2 et 3 juin dernier de faire leur deuil. Cette décision a été prise dans un contexte très tendu, après de violentes manifestations meurtrières qui ont provoqué la mort de plus de 17 personnes la semaine dernière.

La plateforme F24 a pris acte de cette interdiction et a décidé de donner rendez-vous aux Sénégalais pour une marche pacifique prévue le samedi 10 juin 2023, sur la Voie VDN, qui n’a pas été interdite par les autorités. Dans un communiqué publié le jeudi soir, la plateforme a appelé tous les Sénégalais à se joindre à cette marche pacifique pour la restauration de l’État de droit et pour dire “non” à la troisième candidature illégale et injuste du président Macky Sall.

Cette interdiction a suscité de nombreuses réactions dans le pays. Certains ont salué la décision du préfet de Dakar, Mor Talla Tine, en soulignant que l’heure était au recueillement et au retour à la sérénité, alors que d’autres ont dénoncé une atteinte à la liberté d’expression et de manifestation. Des organisations de la société civile ont appelé à la retenue et à la non-violence, tout en demandant aux autorités de respecter les droits fondamentaux des citoyens.

Cette situation rappelle les événements qui ont conduit aux violentes manifestations du 1er, 2 et 3 juin dernier, qui ont suivi l’annonce de la condamnation par contumace du leader de Pastef, Ousmane Sonko, à deux ans de prison ferme pour “corruption de la jeunesse”. Ces manifestations ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre, provoquant la mort de plus de 17 personnes et de nombreux blessés.

La situation politique au Sénégal est de plus en plus tendue depuis plusieurs mois, avec une opposition qui dénonce une dérive autoritaire du président Macky Sall et qui appelle à la mobilisation pour défendre les droits des citoyens. Cette interdiction des manifestations de la plateforme F24 risque d’attiser les tensions et de provoquer de nouveaux affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre.

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Souleymane Diop