Afrique du Sud / Le bras de fer judiciaire : Jacob Zuma et la CEI devant le tribunal électoral

Une nouvelle polémique secoue l’Afrique du Sud alors que le tribunal électoral s’apprête à rendre son jugement mardi sur la requête du parti uMkhonto weSizwe (MK) visant à renverser la décision de la Commission électorale (CEI) d’empêcher l’ancien Président Jacob Zuma de se présenter aux prochaines élections générales. La semaine dernière, la CEI a confirmé son objection à la candidature de M. Zuma, le disqualifiant ainsi des sièges législatifs lors des élections générales prévues le 29 mai.

En réaction, le parti MK, fondé par M. Zuma en décembre dernier, a saisi le tribunal dans un dernier effort pour contester la décision de le retirer de la liste des candidats pour les prochains scrutins. Après une journée de débats intenses, le juge Modiba a annoncé que le tribunal envisageait de rendre une ordonnance et de reporter les motifs à plus tard, en raison des contraintes du calendrier de la CEI.

L’avocat du parti MK de Zuma, Dali Mpofu, a argué que la CEI n’avait pas le droit de dicter qui pouvait être élu à l’Assemblée nationale, soulignant que l’affaire concernait essentiellement le droit d’une personne à participer à la politique. Il a accusé la Commission électorale de priver des millions de personnes de leur droit de choisir leur leader via le nouveau parti MK, qualifiant cette attitude d’inacceptable pour une institution sud-africaine, en particulier une institution indépendante chargée de garantir les droits constitutionnels.

De son côté, l’avocat de la CEI, Thembeka Ngcukaitobi, a fait valoir que M. Zuma avait été reconnu coupable d’un crime d’outrage à la justice et que la proclamation de remise de peine du Président Cyril Ramaphosa ne devait pas annuler la peine prononcée. La Commission électorale a souligné qu’un candidat peut être disqualifié s’il a été condamné à plus de 12 mois de prison sans possibilité d’amende. En 2021, l’ancien Président a été condamné à 15 mois de prison ferme pour outrage au tribunal, suite à son refus de témoigner devant la Commission judiciaire d’enquête sur la capture de l’État.

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Philippe le Blanc