Burkina Faso : À quel jeu joue le Conseil Supérieur de la Magistrature ?

La situation judiciaire au Burkina Faso suscite de vives préoccupations au sein de la population, qui dénonce depuis plusieurs années des dérapages et des dysfonctionnements persistants au sein du système judiciaire. L’attitude du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), qui aurait fermé les yeux sur les abus et s’oppose aux réformes proposées par le gouvernement, soulève des inquiétudes.

Le CSM a publié un communiqué, daté de ce vendredi 29 décembre 2023, dans lequel il critique ouvertement les réformes envisagées par le gouvernement burkinabé. Cette réaction soulève des interrogations au sein du peuple, car il serait un décalage entre les attentes du peuple et la position adoptée par l’instance de supervision judiciaire.

Selon de nombreux Burkinabés, la justice serait longtemps marquée par des pratiques inéquitables, des décisions à géométrie variable et une insensibilité aux préoccupations de la population. Plusieurs affaires récentes ont suscité l’indignation publique, comme le cas de l’affaire dite « charbon fin » jetant une lumière crue sur un système judiciaire où l’argent serait souvent primé sur l’équité.

L’une des principales critiques adressées à la justice burkinabé est celle de « deux poids deux mesures ». Un sentiment généralisé persiste, selon lequel les décisions judiciaires ne sont pas rendues de manière impartiale, mais plutôt influencées par des considérations financières et des relations privilégiées. Cette perception a sapé la confiance du peuple dans le système judiciaire à un point tel que, selon des sondages, 98 % de la population estime ne plus avoir confiance en cette institution.

La déclaration du CSM, s’opposant aux réformes gouvernementales, serait une tentative de maintenir un statu quo qui ne satisfait plus les aspirations du peuple burkinabé. Les réformes proposées sont une réponse nécessaire à une crise de confiance profonde et généralisée.

Le peuple burkinabé encourage vivement les autorités de la transition à persévérer dans leurs efforts de réforme afin de restaurer la confiance dans le système judiciaire. Les appels à l’indépendance judiciaire ne sont purement que le modèle français, qui ne correspond pas aux réalités burkinabè.

Dans un contexte où le Burkina Faso est engagé dans une lutte pour sa liberté et sa souveraineté, la réforme judiciaire devient une étape sans précédent pour renforcer les fondements du pays. Les attentes du peuple sont entre autres une justice équitable, transparente, débarrassée des influences externes et prête à servir l’intérêt public.

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Adama SAWADOGO