AES / L’hypocrisie occidentale : Les deux poids, deux mesures

Dans le théâtre de la politique mondiale, une pièce est jouée depuis trop longtemps : celle du deux poids, deux mesures. Cette fois-ci, le protagoniste est l’AES, à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger, sous les projecteurs des impérialistes. Les mêmes actes qui sont applaudis dans une région sont condamnés avec véhémence dans une autre. Ce qui ne serait sans doute qu’une hypocrisie flagrante.

Récemment, lorsque le Président Volodymyr Zelensky de l’Ukraine a pris des mesures draconiennes en suspendant les activités des partis politiques et des élections, la réaction de l’Occident était notable par son silence assourdissant. Pourtant, lorsque le Président malien, Assimi Goïta, a pris une décision similaire, les médias occidentaux aux agendas cachés se sont empressés de la dénoncer, comme si une telle action était inacceptable uniquement lorsqu’elle était entreprise en Afrique.

Zelensky justifiait sa décision par la nécessité de combattre une menace, et curieusement, il a été applaudi par ces mêmes médias. Mais lorsque la même situation est invoquée en Afrique, elle est immédiatement dénoncée comme une atteinte à la démocratie.

Pire encore, pendant que l’Ukraine est encouragée dans son combat contre une menace perçue, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, formant l’AES, confrontés à des crises sécuritaires tout aussi graves, se voient infliger des pressions pour organiser des élections. Ces pressions sont souvent accompagnées de sanctions, comme si la solution à tous les maux était simplement de tenir des élections.

Le comble de l’ironie réside dans le fait que, pendant que l’Occident distribue des mallettes d’argent pour financer ces élections dans les pays africains, il n’alloue pas les ressources nécessaires pour les aider à combattre le fléau du terrorisme qui les déchire. Les dirigeants de l’AES sont placés dans une situation impossible : contraints de tenir des élections dans des conditions souvent peu propices à une véritable démocratie, tout en étant abandonnés dans leur lutte contre le terrorisme.

Il est temps que l’Occident abandonne cette attitude paternaliste et condescendante envers l’AES. Cette dernière mérite le même respect et la même considération que n’importe quelle autre région du monde. Les solutions aux problèmes africains ne peuvent pas être dictées depuis les capitales occidentales, mais doivent émerger d’un dialogue équitable et respectueux entre partenaires égaux.

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George YAMEOGO